- Conseils pour le choix de vos lacets de chaussures classiques
- Le cordon tubulaire ou le "tube" de la tresse
- Pourquoi continuer à faire des cordons sur les métiers bois alors qu’il existe les métiers rapides ?
- Tresse plate ou galon tressé
- Serpentine ou croquet
- 2, 3, 4… nous irons tresser en bandes organisées
- Le passepoil
Conseils pour le choix de vos lacets de chaussures classiques
L’Atelier de tressage propose différents types de lacets destinés aux chaussures (classiques) de ville, aux sneakers, aux chaussures de sport….
Pour la chaussure de cuir, les lacets les plus couramment utilisés sont des lacets tressés sur des métiers en bois vieux de 200 ans. Ces lacets dits « classiques » sont souvent glacés pour un rendu cuir ou cirés pour un effet lustré.
Le tressage lent sur métiers en bois, c’est quoi ?
Le processus de fabrication commence par la production d’un cordon au mètre linéaire, en coton ou coton bio. À la Société Choletaise de Fabrication, notre partenaire, ces cordons sont fabriqués au mètre linéaire sur des métiers de 1930 -1900 avec un coton de grande qualité teint en France. Avec un rythme de production de 5 mètres par heure, le cordon est tressé délicatement pour respecter la fibre du coton et ne pas le fragiliser ; le grain du cordon est alors exceptionnellement fin et résistant.
Lacets cirés ou glacés, quelle est la différence ?
Le cirage est réalisé avec de l’amidon, qui donne un aspect lisse et lustré au lacet, le lacet garde toute sa souplesse.
Le glaçage, quant à lui, est un mélange d’amidon et de paraffine. Le lacet ainsi travaillé, devient brillant et lisse, il a un aspect « cuir » (surtout le marron foncé !). C’est un processus artisanal demandant la maitrise d’un savoir-faire exceptionnel.
Le glaçage, sous l’effet de la paraffine, rend le lacet plus rigide et solide ; en effet, le glaçage renforce la longévité du lacet en retardant la rupture du lacet dû aux frottements.
Les couleurs
Traditionnellement le lacet dit « classique » est noir, marron clair ou marron foncé. Mais, pourquoi ne pas redonner vie à vos chaussures avec des lacets de couleur ?
Quelle longueur de lacet ?
Pour déterminer la longueur d’un lacet, il suffit de compter le nombre d’œillets de la chaussure. Ainsi, pour un derby de 3 ou 4 œillets, il faut une paire de lacets de 65 à 75 centimètres. Pour une chaussure montante, avec 6 à 9 œillets, il faudra entre 90 et 110 centimètres. La longueur peut s’ajuster en fonction de vos attentes ; avoir un nœud plus ou moins long. Conseil ; pour le lacet glacé, l’Atelier vous conseille un double nœud, il faut donc ajouter 10 centimètres.
Les embouts
Les embouts de lacets étaient en 1900 appelés « férets » : une fine pièce métallique en forme de U, fixée autour du lacet. Depuis, les embouts de lacets ont évolué, les plus répandus sont en acétate de cellulose, une matière produite à partir du bois et de polymère. L’Atelier de Tressage vous propose des lacets finis avec des embouts acétate. Pour des chaussures de ville en cuir et avoir un chic à l’anglaise, nous vous préconisons les lacets aux embouts ton sur ton. Nous vous proposons également une offre sur-mesure avec la possibilité de pose d’embouts métalliques. Pour cela rien de plus simple, vous choisissez votre cordon dans notre mercerie et la couleur de votre féret (canon de fusil, cuivre, noir, argent, or ou bronze !)
Le cordon tubulaire ou le « tube » de la tresse
Le cordon tubulaire a-t-il une âme ?
Il y a deux grandes catégories de tresse dans la famille des tresses : les classiques et les spéciales.
Dans les classiques, deux grands types de tresse :
- La tresse plate (voir article dans ce chapitre)
- Et la tresse tubulaire
Nous aurions dû écrire cet article dès le début de la création de ce site. En effet, le cordon tubulaire est la plus courante des tresses. C’est véritablement le produit le plus fabriqué ; le produit pour lequel il y a le plus grand nombre de métiers, c’est en quelque sorte le tube des tresses !
La tresse tubulaire ou cordon existe avec ou sans âme. L’âme, comme définie dans le lexique de ce site est une matière qui va remplir l’intérieur du tube (souvent du fil ou un tricotin ou de la bourre de coton aussi appelée mèche).
S’il y a une âme, le cordon est rond ou demi-rond ; s’il n’y a pas d’âme, le cordon est plat mais forme toujours un tube. Ainsi, à la différence de la tresse plate, la tresse tubulaire forme un tube qui peut être rond ou plat.
Dans l’histoire…
Les premiers métiers inventés sont des métiers classiques. Il y a le métier de Mr. Johann Heinrich Bockmüll (1738-1801), un allemand, qui est un 52 fuseaux ; puis, les français François-Michel et Jean-Eléonor Perrault achèteront et importeront un métier allemand Barmen de 22 fuseaux pour l’améliorer et inventer le métier bois français[1]. Ils vont créer un métier à treize fuseaux. Pour plus d’informations, l’article sur ce site sur l’histoire des métiers bois donne plus de détails.
Techniquement…
Les fuseaux font le tour du métier avec une moitié allant dans un sens et l’autre moitié dans l’autre sens. Les fuseaux ainsi se croisent en zigzagant passant d’une poupée à l’autre. Il y a donc deux circuits distincts (contrairement à la tresse plate où c’est un circuit mais qui fait demi-tour devant le métier).
Comme pour les métiers fabriquant les tresses plates, il existe de nombreuses tailles de métiers. Les métiers tubulaires ont un nombre pair de fuseaux.
Ainsi, chez SCF, il y a des métiers tubulaires allant de 8 à 120 fuseaux. Il a existé des métiers beaucoup plus gros. Il semble que le plus gros faisait 621 fuseaux (620 en pair pour autant qu’il ait été un métier fermé).
A la caserne des minimes, nous disposons d’un 32 fuseaux, soit deux circuits de 16 fuseaux.
Avec un même métier, il est possible de faire de nombreux dessins. Pour cela, il s’agit de monter les métiers avec des canettes de couleurs différentes en les positionnant de manière à faire le dessin. Un exemple, le grappé électrique ou le grappé en large, fait des lignes zigzagantes dans la largeur du cordon. Le montage est simple, les canettes d’un circuit alternent une couleur et une autre et de même les couleurs de l’autre circuit s’alternent.
Le grappé en long présente des lignes verticales dans la longueur. Le montage est très simple : une couleur sur un circuit et une autre couleur sur l’autre circuit.
Voir l’article dédié sur les dessins.
Matières utilisées
Toutes les matières peuvent s’utiliser sur les métiers tubulaires ; les matières naturelles végétales comme le coton, le lin ; les matières naturelles animales comme la laine, la soie ; les matières de synthèse organique comme le polyester, le polyamide, la cellulose et enfin les matières de synthèse minérale comme la viscose (ou rayonne), le verre, le métal, …
Certains fils utilisés pour des applications techniques (métal pour les tresses pour chauffer les fours par exemple) abiment les métiers bois. De nos jours, pour ces productions, il est utilisé des métiers en métal, dit rapides. Certains tresseurs qui étaient à Saint-Chamond ou dans sa région et qui utilisaient des métiers bois existent toujours, ils sont désormais en métiers rapides et sur des marchés techniques.
Selon la matière utilisée, le réglage du métier va changer :
- Le poids des pompes à l’intérieur du fuseau va varier selon la matière, la taille du fil, le nombre de fils et la taille du métier ;
- La maille du cordon est réglée grâce à l’emploi
Les âmes vont donner l’aspect rond au cordon mais aussi sa rigidité et renforcer la solidité pour la rupture à la traction. Dans le passé, il y avait des âmes en jute ; de nos jours, elles sont souvent en mèche de coton pour des applications mode et en matière de synthèse organique pour des applications techniques.
Les utilisations de la tresse tubulaire
Sur les métiers tubulaires SCF produit des cordons pour des capuches de sweat, des cordes pour faire des ceintures, des lacets, des cordons pour la fabrication de bracelets ou colliers, …
Toujours pour la mode, des petits cordons sont utilisés par les brodeurs.
Il y a aussi de nombreuses utilisations techniques de la tresse, comme par exemple des câbles, des cordes d’équipement de sécurité, ….
Pourquoi continuer à faire des cordons sur les métiers bois alors qu’il existe les métiers rapides ?
Un métier bois produit en moyenne à 5 mètres par heure contre 60 mètres pour un métier rapide ; une charge (quantité produite pour un montage du métier) est moitié moins importante qu’un métier rapide.
Le mach est-il pour autant gagné ?
Il ne faut pas sous-estimer l’intérêt du métier bois. La lenteur permet de travailler des matières fragiles qui cassent sur les métiers rapides ; la construction du métiers bois et la manière d’amener le fil au bec, la finesse des réglages avec les pompes et l’emploi permettent des réglages impossibles en métiers rapides.
Il est vrai que le coût de revient d’une production sur métier bois excède celle d’un métier rapide mais, la finesse et la beauté ont un prix.
Précision : par opposition aux métiers rapides, les métiers bois sont appelés métiers lents ; c’est un raccourci inexact car certains métiers rapides peuvent tourner lentement. La différence provient plutôt de la conception des métiers, de la manière dont les tentions des fils sont gérés.
Sur ce sujet, voir aussi le chapitre sur les dessins.
[1] Livre de Louis Joseph Gras, page 692, une longue description du métier
Tresse plate ou galon tressé
La tresse plate en quelques mots…
La tresse plate et le cordon sont les produits classiques du tressage. La tresse plate est une tresse qui est plate, elle n’est donc pas tubulaire.
Comme pour un cordon tubulaire, la moitié des fils tourne dans un sens et l’autre moitié en sens inverse mais sur un seul circuit. En effet pour la tresse plate, les fils font demi-tour sur le devant du métier sur une ou deux poupées à 5 ouches aussi nommées « terminaux ». Si le métier a un nombre impair de fuseaux, les deux poupées de devant ont 5 ouches.
Le nombre de fuseaux est impair mais pas toujours ! Il existe des métiers tresse plate avec un nombre pair de fuseaux nommés métier Damier. Les métiers Damier permettent de faire des dessins réguliers en profitant de la divisibilité des chiffres pairs. Ces métiers Damier se caractérisent par une des deux poupées de devant n’ayant que 3 ouches au lieu de 5.
L’atelier de tressage dispose d’un métier 21 fuseaux qui permet la fabrication de tresse plate, mais ce métier est réglé pour fabriquer une serpentine. L’atelier dispose aussi d’un 32 fuseaux permettant des productions de cordons tubulaires ; cependant, ce métier est transformable en 33 fuseaux permettant la fabrication d’une tresse plate.
SCF dispose de 300 métiers impairs mais ce chiffre est évolutif ! En effet, SCF dispose aussi de 150 métiers pairs et il est possible de passer certains de ces métiers de pair à impair et inversement.
Les métiers permettant de produire la tresse plate vont de 9 à 121 fuseaux, jusqu’au 33 fuseaux, la taille s’incrémente de 4 en 4 fuseaux (8 puis 12 puis 16 puis etc.) et à partir de 36 fuseaux, de 8 en 8 (sauf exceptions !).
La tresse reine ou la tresse à la reine est une tresse plate fabriquée sur 17 fuseaux avec 1 bout de 150 deniers de viscose et une maille très lâche, elle est donc très souple. Cette tresse est beaucoup utilisée par les brodeurs et est retravaillée au crochet.
La tresse plate et ses secrets de fabrication…
Une tresse plate est une famille de produits. De la tresse plate se dérivent beaucoup d’autres produits ; comme la serpentine, la tresse feston, les 2, 3 ou 4 bandes, les tresses à côte, la tresse boutonnière, … Ce seront de nombreux sujets à aborder dans l’avenir.
Le grain d’une tresse plate ou la maille peut varier selon le type de tressage ; les mailles les plus connues :
- La maille la plus courante est de 2 fils sur 1 ;
- Le maille perlée ou Damier est de 1 fil sur 1 ;
- La maille dite milanaise avec 3 fils sur 1.
La tresse milanaise est oubliée. Elle permet de réaliser une tresse épaisse, utilisée dans le passé pour faire des cravates et aussi le coulant bleu blanc rouge des écharpes des maires en tressant un tubulaire de 60 fuseaux autour d’une pièce en bois.
Le réglage d’un métier tresse plate est minutieux et varie selon le fil utilisé, le nombre de brins, la taille du métier et le résultat souhaité, …
En soie ou viscose en été, en laine en hiver ; la tresse plate se fabrique de nos jours en de nombreuses matières : lin, coton, coton bio, coton mercerisé, polyester, polyester recyclé, fil métallique fantaisie, …
Utilisation des tresses plates
Les tresses plates sont utilisées :
- en prêt à porter et confection pour border les vêtements et apporter de jolies finitions
- en chaussure pour des lacets décoratifs
- en Broderie pour ennoblir la dentelle
- en lingerie comme agrément
- comme nœud papillon ou cravates
Serpentine ou croquet
La serpentine en quelques mots…
La serpentine est une tresse plate qui ressemble à un galon mais qui serpente. La serpentine a donc la forme d’un S dans la longueur. L’atelier de tressage dispose d’un métier qui permet la fabrication de serpentines ; c’est un 21 fuseaux.
Le terme serpentine était utilisé par les tresseurs ; mais le terme usuel est croquet. Nos amis anglais l’appellent rickrack (rick-rack).
La serpentine et ses secrets de fabrication…
La fabrication se fait sur un métier classique utilisé pour la production de tresses plates ; la serpentine est un défaut maitrisé. Il s’agit par un jeu de poids, positionnés du plus lourd au plus léger, de gérer des tensions diverses sur le fil. Ainsi, le fil en se tressant va former cette forme serpentante. Ces poids sont nommés des pompes ; ils se trouvent cachés à l’intérieur du support des bobines de fils ; ce support se nomme le fuseau.
Déterminer le bon poids de chaque pompe est compliqué. Ce poids est différent selon le fil qui sera tressé. Ainsi, ce poids varie selon la matière du fil, la taille du fil (ou titrage), le nombre de brins de fil et enfin de la taille de la machine.
SCF dispose de diverses tailles de métier. De nos jours, SCF produit des serpentines sur des 13, 17, 21, 25, 33, 37, 41 et 49 fuseaux. Y-a-t-il eu dans le passé des serpentines réalisées sur des métiers plus gros ? Possible ; techniquement, ceci implique de calculer la graduation des poids, un beau challenge !
Comment utiliser une serpentine ?
Border une taie d’oreiller ou un drap, apporter un détail touchant à une robe, donner une touche originale à un chapeau, … A vous de jouer !
2, 3, 4… nous irons tresser en bandes organisées
Le 1, 2, 3, 4 bandes en quelques mots…
Il existe beaucoup de produits dérivés de la tresse plate que nous décrivons sur ce site. La serpentine expliquée plus haut est une tresse plate spéciale.
Autre tresse plate spéciale, il s’agit d’évoquer ici une tresse plate à bandes. Ce produit ressemble à plusieurs tresses plates liées et formant des bandes parallèles. Ainsi, il est possible d’avoir 2, 3 ou 4 tresses plates tressées ensemble formant un galon tressé de 2, 3 ou 4 bandes. Ces métiers sont dits « retour » ; à chaque changement de bandes, les canettes font demi-tour.
Il a existé à Saint-Chamond, d’autres types de métiers à bandes avec notamment des métiers jusqu’à 10 bandes qui pouvaient aller jusqu’à 97 fuseaux.
En tressage métiers bois, le nom du métier donne le nom du produit ; ces produits se nomment, comme les métiers, les 2, 3 ou 4 bandes.
SCF dispose de 9 types de métiers à plusieurs bandes, répartis en trois familles :
- Les deux bandes feston formant un tresse plate liée à une tresse qui ondule sur un côté comme une serpentine ; il existe deux types de métiers feston. Ces métiers peuvent aussi fabriquer des 2 bandes classiques ;
- Les trois bandes avec 6 types de métier, dont le 10/15/10. SCF dispose, à l’usine d’Andrezé, de 28 métiers 10/15/10 ; dont un déposé à la Caserne des minimes. En trois bandes, il existe d’autres tailles dont des métiers allant jusqu’à 75 fuseaux ;
- Les quatre bandes, métiers rares dont SCF possède trois exemplaires.
Ces trois familles représentent 59 métiers.
Ces métiers à bandes sont des métiers dit « retour » ; ainsi, comme pour la tresse plate les fuseaux font demi-tour sur le devant du métier pour former les 2 bords externes du produit. Cependant, contrairement à la tresse plate, il n’y aura non pas un circuit, mais autant de circuit qu’il y a de bandes.
Ainsi, les fuseaux font demi-tour devant le métier puis à chaque bordure des bandes ; et, afin de lier ces bandes, ce demi-tour se fait de nouveau à chaque croisement des deux circuits sur une poupée commune à ces circuits.
C’est la différence avec le demi-tour devant le métier ou la rotation se fait sur deux poupées différentes, l’une à côté de l’autre.
Chaque circuit peut avoir un nombre de fuseau identique ou différent, ce qui va influencer la largeur de chaque bande. Ainsi, pour le 3 bandes à la Caserne, il y a :
- Pour les 2 circuits de droite et gauche, 10 fuseaux
- Pour le circuit du milieu, 15 fuseaux
Si nous utilisons le même type de fil (exemple, un coton bio 2/34), les bandes de droite et gauche seront plus étroites que celle du milieu.
Il est possible de faire des dessins de couleurs, 10 fuseaux est divisible par 2 (2 fois 5) et 15 fuseaux par 3 (3 fois 5) (voir photo).
Les 2, 3 et 4 bandes et leurs secrets de fabrication… s’embrasser et s’enlacer…
Ces métiers sont complexes. Autant la position des fuseaux est assez facile à implanter sur le devant des métiers et sur les poupées de 4 positions (4 ouches) ; autant cela devient complexe à l’endroit des retours permettant le lien entre les bandes.
Afin de réaliser ces retours pour former le lien entre les bandes, le métier a une configuration spéciale. Les traditionnelles poupées de 4 ouches sont remplacées par une succession de 3 poupées avec respectivement 8 ouches, 6 ouches et 8 ouches. C’est sur cette poupée de 6 ouches que les deux circuits vont s’enlacer.
Pour résumer, nous pourrions dire que les fuseaux s’embrassent sur le devant du métier pour former les lisières et s’enlacent à chaque retour pour former les liaisons de bande à bande. S’embrasse et s’enlace ; puis s’enlace et s’embrasse ; la danse des fuseaux n’a jamais aussi bien porté son nom.
Un petit focus sur la largeur des bandes ; comme indiqué ci-dessus, cela dépend du nombre de fuseaux ; mais aussi de la taille du fil, du nombre de fils assemblés par fuseaux… c’est comme pour la tresse plate, avec la possibilité de varier la largeur de chaque bande ! Mais, chaque bande
Comment utiliser 2, 3 et 4 bandes ?
Les 2, 3 et 4 bandes sont utilisés dans de multiples cas :
- Deux bandes festons ou 3 bandes en bordure de drap, de tête d’oreillers pour le linge de maison ;
- Les 2, 3 ou 4 bandes en décoration de robes ou en marquage de poches pour des vestes ;
- Ces produits sont aussi utilisés d’une manière générale en confection, en lingerie, en maroquinerie, en décoration d’intérieur, …
Beaucoup de matières différentes sont possibles : la soie, la viscose pour l’été ; la laine pour l’hiver mais aussi le coton.
Le passepoil
C’est quoi un passepoil ?
Un passepoil est un tissu en longueur ou étroit composé de deux parties. Une partie plate ou pied et une partie volumineuse ou tête. La tête est souvent ronde avec à l’intérieur un cordon en âme, cependant, beaucoup d’autres versions existent.
La tête est la partie visible, esthétique et originale du passepoil, le pied a une dimension technique, il sert à fixer le passepoil, il n’est donc pas visible après utilisation. Le pied du passepoil est en effet cousu entre deux tissus ou cuirs, souvent au bord de la tête. Il arrive que la couture se fasse dans la partie plate, laissant ainsi visible une partie du pied afin d’insérer une originalité dans un tissu (exemple : à 5 cm du bord d’un drap ou d’une taie d’oreiller).
Le passepoil est appelé la tresse balayeuse au 19e siècle puis la tresse dépassants puis la tresse passepoilée. Elle servait à finir le bas des robes qui frottait au sol et s’usait vite pour ainsi ralentir cette usure. D’où ces étranges noms. Puis, dans le temps, le passepoil a inspiré les stylistes et beaucoup d’autres applications ont été trouvées.
Le passepoil porte le joli nom de piping en anglais.
A quoi servent les passepoils ?
Le passepoil convient à beaucoup d’utilisations, décoratives ou techniques ou les deux à la fois. Couramment, un passepoil sert de jonction ou d’assemblage de deux parties d’un vêtement, d’un sac, d’un linge de maison (oreiller, draps), de décoration (coussin). Il est probable qu’à l’origine, le passepoil a été imaginé pour permettre de remplacer aisément la partie des pièces sujettes à se salir et à s’user.
Diverses techniques de fabrication du passepoil
Les passepoils peuvent se fabriquer en tissage, tressage, crochet et par couture d’un tissu, aussi nommé biais.
Chez SCF, à l’usine à Cholet, les passepoils sont fabriqués en tissage étroit, en tressage sur métiers bois et en tressage aux fuseaux mécaniques (métier dentelle).
En tissage, il s’agit d’un galon avec un partie ronde ou bourrelet qui est rempli d’une âme. Une armure tubulaire (aspect toile ou torsadé) permet de tisser ce tube. L’âme est constituée d’une mèche ou de fils pour le remplissage. Mais, SCF a déjà tissé la tête du passepoil autour d’un fil électrique. La dimension du bourrelet peut varier de 2 millimètres à 7 voire 8 millimètres maximum.
Les passepoils sur métiers bois
La fabrication de passepoils sur les métiers bois mérite un chapitre. Il y a deux types de métiers, les métiers passepoils (produit nommé passepoil) et les métiers tresse passepoilée (produit nommé tresse passepoilée).
Les métiers passepoils
Les métiers passepoils existent en deux versions, les métiers Barmen et les métiers bois passepoils.
Les Barmen sont des prises de guerre ; il s’agit de métiers remis aux tresseurs de Saint Chamond après la seconde guerre mondiale en compensation des pertes de guerre… Le chemin des canettes fait comme un escargot. Il y a 25 plus 19 fuseaux.
Les métiers passepoils en bois font aussi un circuit en escargot. Les métiers font aussi 25 plus 19 fuseaux ; il existe aussi des métiers avec d’autres compositions comme le 21 plus 19 fuseaux ou le 12 et 6 fuseaux. Les métiers passepoils en bois sont plus fins à régler que les Barmen. Ils permettent des réglages propres à eux comme le moulinage : une pièce en cuir le long du circuit permet de faire tourner la canette à son passage ; ceci entraine la rotation du fil lord du tressage et un effet mouliné (voir le TREB0032 en photo).
Il est possible de faire des garnissages partiels du circuit permettant de faire la tête du passepoil ; ainsi pour la référence TREB0416-1, 10 canettes sont vides pour 9 utilisées.
Les tresses passepoilées
Le métier bois tresse passepoilée est un métier classique avec un retour pour former deux circuits, donc, un métier deux bandes. Les canettes opèrent un demi-tour devant le métier puis un autre point du métier nommé retour. Ainsi, il y a pour les métiers de SCF un circuit de 22 cannettes pour le pied qui vient s’enlacer avec un circuit plus petit de 12 canettes pour la tête du passepoil. Le circuit de 12 fuseaux peut assembler des produits, comme des bourdons, des princesses ou des soutaches formant une natte.
La tresse passepoilée TREB1066 assemble des princesses ; l’ensemble est en coton bio. Le lien entre le pied et la natte (tête) est bien visible. Ceci confère un aspect délicat à ce type de passepoil.
Ces métiers tresse passepoilée existent en 6 autres tailles. SCF ne les a pas tous remis en fonctionnement, ce sera l’objet de recherches et créations de nouveaux produits dans le futur !
Des idées pour utiliser le passepoil ?
Le passepoil peut être considéré comme une garniture pour ennoblir de nombreux produits ; ainsi les applications sont nombreuses ; le passepoil permet de souligner l’arête d’un siège, d’un couvre-lit, d’un drap, le bord d’un coussin, les lignes d’un costume ou le tour d’un chapeau.
Les passepoils fins sont beaucoup utilisés pour le linge de maison en ourlet de drap pour border diverses parties ou le contour.
Il y a beaucoup d’utilisation sur les vêtements. Le passepoil se coud en bord de robe ou en liaison entre deux parties de la robe. L’une des utilisations les plus connues en prêt-à-porter est sur les costumes ou tailleurs ; le passepoil permet de marquer un détail le long d’une boutonnière ou d’une poche ou de border certaine partie du vêtement. Certaine marque applique ce détail aux chemises, sur le col, le bord de manche et le long de la ligne de la manche.
Tendance il y a quelques saisons sur les pantalons, des passepoils colorés étaient appliqués pour longer le pantalon à la couture de la jambe du haut en bas.
Cette utilisation en confection n’est pas étonnante ; le passepoil est apparu à l’origine dans le vestiaire militaire sur les costumes, le passepoil constitue un attribut distinctif. Le passepoil borde diverses parties de l’uniforme militaire.
L’application de passepoils sur les chapeaux est moins connue et pourtant bien visible ; le passepoil est souvent appliqué en bordure.
Dans le monde du cuir, les passepoils sont aussi cousus pour souligner les lignes et les formes d’un bagage ou d’une chaussure. Le but est de renforcer pour ces maroquineries sollicitées par la manipulation mais aussi de donner une touche colorée.
Pour les afficionados de la mode sobre, le passepoil s’applique, caché, ton sur ton… il va permettre d’apporter une finition propre aux pièces du vestiaire, souvent chic. Ainsi, discret ou lumineux, coloré, brillant, pailleté, réfléchissant, en une ou plusieurs couleurs, uni de la tête au pied ; le passepoil est un sujet créatif en lui-même.
Un couturier nous disait que lorsque le tissu est sobre ou simple, le passepoil permet de personnaliser discrètement ses créations. Il ajoutait, « le passepoil permet de faire un lien dans un vestiaire entre les diverses pièces (un costume, un gilet, une chemise, …). »
Le passepoil intègre le monde des passementeries, dans un autre secteur, les tapissiers. Ce sont de gros passepoils, avec un pied large de 12 millimètres. Il permet de marquer les encarts dans le dossier d’un siège, de marquer le contour d’un coussin, de suivre les lignes d’une banquette, de tourner en suivant les bords d’un fauteuil, …
Matières, couleurs et souplesse
Toute matière peut être utilisée pour fabriquer les passepoils, le coton ou coton bio, le lin et chanvre, les matières synthétiques comme le polyester, polyester recyclé, viscose et le cuir et le simili cuir.
Le choix de la matière et de son effet, du terne (un coton mat) ou lumineux (un coton mercerisé, un polyester) ou brillant (viscose, soie), permet d’apporter une touche originale. La composition allant d’une couleur à des couleurs est vaste : uni du pied à la tête ou un pied clair pour ne pas se voir en transparence sous un tissu clair. Inversement, un pied foncé est recommandé pour une couture sous un tissu foncé.
L’originalité d’un pied de plusieurs couleurs est utile lorsque le pied du passepoil est gardé partiellement visible.
En couture, l’essentiel, c’est la couleur de la tête, elle se voit et est faite pour être vue. Et, c’est un choix de style, de discret et élégante avec un passepoil uni qui presque ton sur ton va souligner les bords et la ligne d’une robe ou d’un costume. Dans un ton subtilement différent, plus clair ou foncé, pour contracter légèrement ou, à l’opposé, tranchant et marqué dans une couleur claire pour un tissu foncé ou foncée pour un tissu clair pour marquer franchement les lignes de la pièce de vêtement.
Techniquement, deux critères sont à retenir : la souplesse et la largeur du pied.
La souplesse est souhaitée pour les secteurs de la mode et du linge de maison et de nuit. Au contraire, les tapissiers attendent un produit plus rigide.
La largeur pied correspond aux machines à coudre utilisées, ce pied va d’étroit (5 millimètres, souvent 7 millimètres pour le linge de maison) à très large et tenu pour les tapissiers.
Pour terminer, quelques produits proches
Proche du passepoil, le feston est un produit fabriqué sur des métiers bois à deux bandes ; l’une des bandes est plate (le pied) et l’autre est aussi plate mais forme en son bord une serpentine. Le feston est utilisé comme le passepoil, il est cousu coté bande plate (le pied) et la partie en serpentine ou ondulée reste apparente.
La frange s’assimile aussi à un passepoil ; un pied de couture et pour la tête, des fils lâchés ou en boucles.