Le tressage est une technique ancestrale d’assemblage de fils
Il y a de nombreuses façons d’assembler des fils pour former un tissu. Le tissage, le tricotage ou le crochet sont connus même au-delà des spécialistes.
Nous ignorons souvent le tressage et pourtant, tant de tresses nous entourent dans notre quotidien : lacets, cordons de capuche, mèches de bougie, fibres optiques, câbles métalliques de chauffage, bouts de bateaux, cordes de rappel, etc. Parmi ces quatre méthodes d’assemblage de fils, le tressage est le seul qui n’existe pas en grande lèse.
L’atelier de tressage vend au mètre des sangles, des galons tissés, des cordons tricotés et tressés, des passepoils tissés ou tressés et bien d’autres produits issus des techniques de tressage, tissage et tricotage. L’atelier propose à la vente donc beaucoup plus que des tressages.
Les ateliers et formations proposés par l’Atelier de tressage forment au tressage sur métier bois et au tressage à la main sur métiers Marudai, il est possible de réserver sur ce site.
Définition du tressage
Une tresse est le résultat d’un entrecroisement oblique de fils qui permet d’obtenir un textile étroit.
Des fils courent dans un sens « en zigzaguant », s’entrecroisant avec d’autres fils qui circulent en sens inverse.
Ainsi les fils passent successivement tantôt dessus, tantôt dessous un ou plusieurs autres fils. Cela permet de créer un « maillage ».
Cet enlacement est oblique.
Les diverses tresses …
Il existe beaucoup de types de tresses, les plus courantes et classiques sont les tresses rondes et les tresses plates.
- La tresse ronde est un tressage tubulaire qui s’enroule autour d’une âme, la moitié des fils tourne dans un sens et l’autre moitié en sens inverse.
- Une tresse plate n’est donc pas tubulaire.
- Il existe des tresses tubulaires sans âme qui peuvent avoir l’aspect d’une tresse plate, il s’agit donc d’un tube plat. Les lacets de sneakers sont souvent tressés et construits ainsi.
Une tresse peut être faite soit avec des fils, des brins de rubans, des bandes de cuir, … pour former un galon, une cordelette, …
Lors de la présentation du métier de Perrault (dont nous parlerons dans la page Les métiers bois) au Conservatoire des Arts et Métiers, le 20 mai 1783, la définition suivante d’une tresse est donnée : « tous les fils ont des fonctions semblables et chacun d’eux va perpétuellement de biais et en zigzag d’une lisière à l’autre en passant alternativement dessus ou dessous, un ou plusieurs fils qu’ils rencontrent dans cette route »[1].
[1] Livre de Louis Joseph Gras, page 690
La tresse et le lacet dans l’histoire
Une équipe internationale a trouvé la preuve de l’existence d’une tresse de 3 brins sur le site ardéchois de l’abri du Maras. Cette cordelette ou du moins sa trace sous la forme d’un moulage fossilisé date de 41.000 à 52.000 ans . En effet, les « matériaux d’origine végétale ne résistent pas au passage de dizaines de millénaires »[1].
La trace du premier lacet est retrouvée dans la glace sur le corps d’Ötzi, un humain ayant vécu à l’âge de bronze, entre 3350 et 3100 av. J.-C. Les lacets étaient réalisés avec des ficelles d’écorce.
Sous Saint-Louis, il est déjà question de laceurs de fil et de « Soyes ». Le prévôt de Paris homologue le statut de ces fabricants en 1268. Ils sont renommés frangiers-dorelotiers puis au XIVème siècle, Dorelotiers[2] au XVème siècle, Tissatiers ou Rubaniers ou Frangiers et au XVIIIème siècle, Rubaniers uniquement.
L’utilisation de textiles étroits étaient très courante dans les cours royales ; autant pour les vêtements que par les tapissiers (meubles et aménagements). Au Louvres, le Portrait d’enfant, Attribué à Marco d’Oggionoi montre de nombreuses tresses et tissage (voir photo).
[1] Le Monde du 10 avril 2020, « Neandertal, premier à corder » par Pierre Barthélémy. « Une équipe internationale a mis au jour, en Ardèche, le plus ancien exemple jamais retrouvé de cordage. Une découverte qui atteste la maîtrise du fil chez les cousins d’« Homo sapiens »
[2] Livre de Louis Joseph Gras mais aussi le blog Les Gagas
Le tressage, pourquoi faire ?
Le tressage est moins connu que d’autres techniques d’assemblage de fils ; pourtant il y a des tresses partout dans notre vie quotidienne !
On utilise la tresse soit :
Pour des usages domestiques : cordon de store, cordon de capuche ou de short, cordon de lunettes, cordon et tirette de sac ou de manteau, cordon pour fermer les boutons, bracelet et cordon de bijou, ceinture, lacets, porte-clefs, cordon d’ustensile de cuisine, câble électrique comme dans l’ancien temps, laisse pour chien, longe pour cheval, équipement de vélo, fil dentaire, ficelle alimentaire…
Pour des usages techniques : fibre optique, corde tressée thermique pour chauffer, corde technique pour le travail en hauteur, corde pour élaguer un arbre, corde d’escalade ou d’accrobranche, corde de barrière de sécurité, câble électrique technique, corde de sauvetage, gaine d’isolation, les bouts de bateau, …
Le textile en grande, petite largeur et la broderie
Petite et grande largeur en tressage
Les techniques de fabrication de textiles existent de la petite à la grande largeur ; ces techniques permettent donc de fabriquer des produits étroits ou larges. Le vocabulaire technique textile parle d’un tissu en petite laize, en moyenne laize ou en grande laize.
Toutes ces techniques d’assemblage de fils existent en grande et petite laize ; sauf le tressage qui n’existe qu’en petite laize.
Il a été utilisé entre 1900 et 1920, chez Les Manufactures réunies à Saint Chamond (ou Les Manues), un métier de 1001 fuseaux (voir photo).
Ce métier n’était pas un métier bois mais un métier en métal, sans doute un Barmen ou un métier Rapher ou encore une invention des Manus.
Ce métier à tresser gigantesque et unique permettait de produire un tissu tressé de demi-laize, d’environ 43 centimètre (voir photo). Le métier mesurait 2,5 mètres sur 2,5 mètres.
Une tresse de 31 centimètres de large existe aussi (voir photo), cette tresse est de 601 fuseaux. Il est possible que cette tressa ait été produite sur le métier 1001 fuseaux. Le garnissage du métier a été donc réalisé que partiellement.
Ce métier avait une forme carrée. Le circuit des fuseaux formait des cercles successifs les uns dans le autres pour atteindre un point central de demi-tour. Une forme hélicoïdale ou en escargot en quelque sorte.
Après des premiers essais, ce métier a été détruit. Ce métier était sans doute trop complexe à monter, les productions présentaient des défauts…
Comment l’homme au milieu du métier y accédait-il ? Nous supposons qu’il y avait un échafaudage sur le côté droit de la photo ou un passage sous le métier… Nous remarquons que le métier est particulièrement haut.
Ennoblir un tissu
Sur un tissu, il est possible de venir dessiner ou écrire. La broderie est l’une des techniques pour embellir un tissu. Ainsi, la broderie permet de transformer un simple tissu en une œuvre d’art.
Il existe d’autres techniques pour marquer ou personnaliser un tissu, comme la sérigraphie, l’impression numérique, la sublimation, etc.
Nous abordons le vaste sujet de la broderie et l’utilisation de produits tressés pour broder, comme des soutaches, des princesses, des tresses plates, des cordon dans un autre article sur ce site.
Ces techniques d’ennoblissement, dont la broderie, sont connues sur des textiles en grande largueur ; elles se pratiquent aussi en petite largeur. Ainsi, SCF propose sur cordons ou galons des sérigraphies ou de la sublimation. SCF a testé la broderie sur sangles et galons ; peut-être bientôt dans ses collections ?