Un métier bois à tresser, c’est quoi ?
Un métier bois à tresser automatise le mouvement des canettes de fils en faisant s’entrecroiser deux circuits ; l’un va dans un sens et l’autre dans le sens opposé.
Les canettes se croisent en zigzaguant.
Le circuit le plus classique d’un métier à tresser est celui d’un métier fermé (fabrication d’un cordon tubulaire), comme le représente le schéma ci-contre.
Une roue à aubes animait ces métiers inventés au XVIIIème siècle. Ainsi animés par le courant d’une rivière, la roue à aubes entraînait des axes par un système d’engrenages. Ces axes en bois, nommés menard traversaient l’usine. Chaque métier était relié par une ceinture en cuir au menard. Ainsi, les métiers étaient mis en mouvement par la force hydraulique.
Au cours du XIXème siècle, les industriels de Saint-Chamond (capital de la tresse et du lacet durant 150 ans) ont petit à petit équipé leurs usines de moteurs à vapeur.
Un arrêt métier automatique équipe le métier bois à tresser qui stoppe sa production lorsqu’un fil casse. Techniquement, il s’agit d’un poids à l’intérieur du fuseau que le fil tient en suspension. Si le fil casse, le poids tombe et heurte une tige métallique ce qui entraine l’arrêt du métier.
Après la seconde guerre mondiale, des métiers rapides (en métal et disposant d’un moteur individuel) remplacent progressivement cette industrie de métiers à tresser en bois.
Chez SCF, 1062 métiers bois à tresser sont toujours en fonctionnement.
Quatre menards parcourent toujours l’usine. Certains de ces menards sont en bois, d’autres en métal. Des moteurs ont remplacé la roue à aubes.
Un projet est en cours afin de remplacer ces moteurs par un système d’entrainement plus écologique.
La lenteur des métiers bois
Les productions sur métiers bois à tresser sont lentes (de 3 à 7 mètres par heure selon les métiers). En cas de grosse commande, SCF répartit la quantité à produire sur plusieurs métiers.
A l’usine d’Andrezé nous avons ainsi en permanence des 20, 24 et 32 fuseaux en nombre afin de fabriquer des cordons tubulaires avec âme. Ces cordons seront ensuite glacés pour obtenir un effet cuir puis ferrés (pose d’embouts). Ainsi sont fabriqués des cordons pour les bijoutiers (mais sans embout dans ce cas) ou des lacets haut de gamme comme en 1900.
Cependant, lorsqu’un métier est unique, la production maximum en un mois est de 3.000 mètres.
En tressage, les métiers portent le nom des produits qu’ils fabriquent.
Il existe beaucoup de types de tresses et donc de métiers. Les plus courantes sont les tresses rondes et les tresses plates (métiers dit classiques).
Métiers fermés pour fabriquer du cordon tubulaire
Pour fabriquer un cordon tubulaire, nous utilisons un métier classique nommé fermé avec deux circuits :
- La moitié des fils tourne dans un sens et l’autre moitié en sens inverse ;
- Ces métiers ont un nombre pair de fuseaux (pièce métallique et ronde utilisée pour porter la bobine de fil).
Le tressage tubulaire assemble des fils en montant une tresse tubulaire de deux types :
- Soit une tresse ronde (avec âme)
- Soit une tresse tubulaire plate (sans âme).
Métiers retours pour fabriquer des tresses plates
Une tresse plate est une tresse qui n’est pas tubulaire et qui forme une bande linéaire. Nous utilisons un métier classique nommé retour. Ce métier peut être ouvert ou fermé. Ainsi, pour ce métier :
- La moitié des fils tourne dans un sens et l’autre moitié en sens inverse mais en faisant demi-tour sur le devant du métier ; il n’y a donc qu’un seul circuit (et non deux comme pour le métier qui fabrique des cordons tubulaires).
- Le métier est donc dit « retour ».
- Le nombre de fuseaux est impair.
- Mais, il existe des métiers retour avec un nombre pair de canettes nommés métiers Damier. Ils permettent de faire des dessins réguliers en profitant de la divisibilité des chiffres pairs.
Les tresseurs adorent les métiers dont le nombre de fuseaux est à la fois divisible par 2 et par 3. Cela permet de faire des dessins en mélangeant plusieurs couleurs et en équilibrant ce dessin en profitant de la divisibilité.
Métiers fermés à la fois pour cordons et tresses plates
Un métier fermé peut être modifié et être en configuration soit continue ou soit retour :
- En continue, les fuseaux continuent leur tour devant le métier produisant un article tubulaire (nombre de fuseaux pair).
- En retour, les fuseaux font demi-tour devant le métier produisant ainsi une tresse plate (nombre de fuseaux impair mais pas toujours).
La transformation d’un métier en continu ou en retour implique de changer les deux « poupées-colonnes » ou « poupées-arbrées » devant le métier afin de créer un retour.
Lorsque le métier fermé est transformé en métier retour, les fuseaux font demi-tour devant le métier sur une poupée à 5 ouches. Une ouche est une encoche dans la poupée arbrée. Un métier classique produisant des cordons tubulaires n’a que des poupées arbrées de 4 ouches.
Ainsi, les métiers fermés permettent à la fois de faire une tresse tubulaire et une tresse plate.
A titre d’exemple, un métier qui fabrique un cordon tubulaire de 32 fuseaux peut être transformé en un métier qui fabrique une tresse plate en 33 fuseaux. Nous appelons ça un retour et de fait le métier se nomme un métier retour. Ce métier 33 fuseaux ou 32 fuseaux est visible à l’Atelier de Tressage.
Les autres métiers présents à l’Atelier de Tressage à Paris
A l’Atelier de Tressage, nous avons un métier 21 fuseaux qui peut être transformé en 20 fuseaux. Ce métier 21 fuseaux fabrique une tresse plate très particulière. Par un jeu de poids nous la faisons serpenter pour fabriquer une serpentine aussi nommé un croquet. Nos amis anglais appellent ce produit « Rick-Rack ».